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"COMMENT JE ME POSITIONNE FACE À CET ENJEU CITOYEN ?"

By 27 novembre 2015janvier 13th, 2021No Comments

Lorsqu’on les interroge sur la question de leur engagement, les journalistes expriment des opinions divergentes qui renvoient au débat sur la neutralité journalistique. Pour Jean-Baptiste Comby, le militantisme écologique des années 70 serait devenu moins prégnant et les sujets moins politisés, au fur et à mesure que se serait institutionnalisée une nouvelle spécialité journalistique – celle de l’environnement.

 

√ JE RAPPORTE LES FAITS, RIEN QUE LES FAITS

«  Mon avis n’intéresse pas les auditeurs. Je suis là pour rapporter ce qui se passe, les opinions, les débats, les arguments, les contre-arguments. Après, ce que mon auditeur fait de l’information médiatisée, je n’en sais rien. Le journaliste ne peut pas s’inventer avocat, médecin, politique, agriculteur, psy ou militant écolo. Peut-être que vous avez rencontré des journalistes militants mais moi, je ne fais pas de choix politiques pour mes auditeurs. »  Anne-Laure Barral

 

√ RESTER « NEUTRE » N’EST PAS TOTALEMENT ÉVIDENT

« Si je fais mon travail de journaliste, en donnant la parole à tout le monde, en établissant les faits, en croisant les sources, j’avoue que rester totalement « neutre » n’est pas évident quand on suit les sujets environnementaux. Car plus on creuse, plus on enquête, plus on se rend compte de la gravité de la crise environnementale dans tous les domaines (climat, biodiversité…) et de la nécessité urgente de la résoudre. On se rend compte qu’il en va du devenir de l’humanité, de nos conditions de vie sur Terre. Or beaucoup d’intérêts privés freinent toute action en ce sens, de façon souvent cynique, révoltante. Il me semble qu’il est de mon devoir de dénoncer cela, en me basant toujours sur des sources solides et en citant celles-ci. Et de montrer qu’il existe des alternatives crédibles au système actuel. Un journaliste est aussi un citoyen. » Coralie Schaub

 

√ JE MONTRE DES SOLUTIONS POUR AIDER NOS SOCIÉTÉS À RAISONNER AUTREMENT

« Ma priorité ultime en tant que journaliste et citoyen, c’est la crise climatique. J’ai cette conscience qui m’a été transmise par mes parents … C’est presque une discipline de vie et, en tant que journaliste, ma force, c’est de pouvoir montrer les solutions, les territoires, les villes, les citoyens qui se sont convertis à l’écologie. On peut convaincre que ces changements-là sont possibles, et qu’ils sont déjà en marche !  Il nous faut aider nos sociétés à raisonner autrement. » Jean-Baptiste Bouvet

 

√ JE N’AI AUCUN PRISME PARTICULIER

« Je n’ai un prisme ni éducatif, ni politique, ni thématique. Je veux juste que mon article soit lu et plaise au lecteur. On construit l’article avec des cassures de rythme, des relances. Les journalistes sont des gens qui racontent des histoires, mais des histoires vraies. » Gilles Van Kote

 

√ IL FAUT SE BATTRE POUR DÉFENDRE CES ENJEUX

« Être un bon journaliste écolo sans être écolo, je ne vois pas trop comment c’est possible parce qu’il faut se battre pour défendre ces enjeux. » Jade Lindgaard

La spécialiste du climat chez Médiapart compare d’ailleurs volontiers les enjeux climatiques aux enjeux sociaux du XIX°s :

« Les intellectuels militants et les syndicalistes qui se battaient, à l’époque, pour mettre en place le système de protection sociale, luttaient pour des enjeux aussi gigantesques qu’aujourd’hui, avec le climat. […] Il y a un vrai parallèle et c’est la raison pour laquelle être journalistique sur ces questions, en France, doit passer par le même type d’engagement. ».

Dans la bouche de Jade Lindgaard, le terme « engagement » n’est pas anodin :

«  Le mot engagement veut dire plusieurs choses. Moi, je l’entends dans le sens de dénoncer une situation, un système de pouvoirs destructeur, à la fois de l’écosystème, mais aussi des conditions de vie. Il produit des inégalités environnementales, des inégalités par rapport à la santé, etc. Décrire ce système, être journaliste engagé, ça ne veut pas dire ‘’produire diatribes sur diatribes’’. Non, c’est un engagement dans la description de cette réalité et des faits. […] Il faut donner à entendre des témoignages et documenter une situation. Si mon horizon est de montrer à quel point la lutte contre le changement climatique est un enjeu de société majeur, ma stratégie pour y parvenir – et ma façon d’alimenter ma réflexion – c’est de passer par l’enquête. L’enquête et l’information journalistique. »

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