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RENDRE CONCRET ET ACCESSIBLE : LA VULGARISATION DES « SOLUTIONS AU CLIMAT »

By 27 novembre 2015janvier 13th, 2021No Comments

L’ invisibilité et le temps de réponse – très long – des écosystèmes aux dégradations qu’on leur inflige rendent le changement climatique peu « médiagénique ». Le travail du journaliste est de rendre ce sujet intéressant, concret et intelligible à son public. En relayant des initiatives concrètes entreprises partout dans le monde, des solutions qui contribuent à limiter les émissions, le sujet devient bien plus palpable et attrayant. Qu’en pensent les journalistes spécialisés ?

Comment faciliter la réception d’un sujet si complexe en vulgarisant les enjeux sans les simplifier ?

PAROLES-A

√ FAIRE PREUVE DE PÉDAGOGIE

« Il ne faut jamais se dire ‘’ça a déjà été expliqué’’. Les auditeurs n’ont pas forcément la mémoire de tout ça. Ma double mission est, 1) ne pas perdre un auditeur qui n’y connait rien, 2) en apprendre davantage à ceux qui sont dans le secteur. Pour les premiers, il faut utiliser des images. Il faut faire attention aussi aux phrases prononcées par les experts lors des interviews : il faut qu’elles restent compréhensibles en évitant les sigles. » Anne-Laure Barral

√ ILLUSTRER PAR DES EXEMPLES SIMPLES ET CONCRETS

« Le changement climatique se voit sur l’agriculture, sur les arbres fruitiers, sur la façon dont les espèces migrent, etc. Ce sont des papiers très tangibles. Si la science est une matière aride pour certaines personnes, nous devons rendre les choses plus concrètes. Les détails techniques peuvent être incompréhensibles. Avec les exemples, c’est plus clair. » Marielle Court

√ REDONNER LA PAROLE AUX CITOYENS

« Notre projet ‘’Le climat change et vous ?’’, sur Médiapart, est le fruit d’une rencontre avec les organisateurs du Festival du livre et de la presse d’écologie. Ils souhaitaient proposer un espace de parole non monopolisé par les experts du climat. Il s’agissait de sortir du discours savant pour le redistribuer plus démocratiquement. Nous avons fait un appel à contribution large pour nous adresser au grand public. L’hypothèse de départ était la suivante : les gens sont de plus en plus sensibles à la question climatique, ils sentent que quelque chose se passe et impacte leur vie. Mais tout ceci reste diffus. Notre pari est de faire émerger leur ressenti, d’aider nos lecteurs à l’exprimer, de montrer que le climat n’est pas l’apanage des experts, militants, ONG ou entreprises. C’est aussi une préoccupation qui monte dans la société. » Jade Lindgaard

√ MÉDIATISER LES INITIATIVES ET LES HISTOIRES D’HOMMES ET DE FEMMES

«  J’aime ce qui est concret. Bien sûr, il faut s’intéresser aux conférences internationales, à ce qui peut en sortir, etc., mais ce sont des sujets lourds et lents qui débouchent sur des papiers compliqués. Le sujet n’est pas toujours très excitant. On se doit d’aborder aussi des choses plus pratiques, plus précises, de terrain.

Par exemple ?

Sur la sécurité alimentaire, la culture des légumineuses en Afrique est un bon sujet. Ces plantes captent l’azote des sols et les fertilisent sans recours à des engrais minéraux. Un tel sujet raconte une histoire : des pays d’Afrique redécouvrent les vertus du haricot. Non seulement, des traditions locales sont réhabilitées, mais en plus, ce sont des pratiques agricoles exemplaires, susceptibles d’apporter une solution pour lutter contre la famine. Cette réalité est peut-être lointaine mais elle reste concrète. Sans nier le fait que 800 millions de personnes sont malnutries dans le monde (au contraire, chaque année, on va rappeler ce chiffre désespérant), on souligne, aussi, que des réactions existent dans ces pays : les communautés paysannes ne sont pas totalement démunies et n’attendent pas la prochaine famine sans rien faire. Les histoires d’hommes et de femmes intéressent le lecteur – bien plus que les affaires institutionnelles. Il faut aller à la rencontre de ces gens et raconter ce qu’ils font. Il n’y a, d’ailleurs, rien de plus excitant ! » Gilles van Kote

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